Survivre à un génocide : les réfugiés arméniens au Proche-Orient

 

L’intégration des Arméniens dans leurs patries d’adoption, dans nombre de pays du Proche-Orient, est passée par plusieurs étapes, parfois douloureuses, dont la mémoire tend à s’estomper. Avant de devenir citoyens libanais ou syriens, ils ont vécu l’expérience de tout réfugié déraciné, en quête d’un pays d’accueil, où ils pourraient trouver l’environnement propice à une reconstruction. Les bouleversements géopolitiques consécutifs à la Première Guerre mondiale ont redessiné la carte du Proche-Orient et offert aux réfugiés arméniens l’espace nécessaire au redémarrage d’une vie collective. Après l’anéantissement de 1915,
les Arméniens ont eu la ferme volonté de reconstruire la nation, comme pour démontrer que le plan génocidaire conçu par le régime jeunes-turcs, aussi systématique soit-il, n’était pas parvenu à les détruire totalement.

 

La Syrie, du Mandat de la France à la guerre civile

 

Ce dialogue vise d’abord à évoquer le contexte historique syrien à la fin de la Première Guerre mondiale, l’instauration du mandat français sur la Syrie, l’accueil des réfugiés arméniens, avant d’en venir à la situation contemporaine, marquée par de forts courants migratoires des populations syriennes, avec une référence spéciale pour ceux qui se sont installés en Arménie.
La situation en Syrie ressemble fort à celle des Balkans avant 1914. Certes l’Histoire n’est pas un éternel recommencement, néanmoins on ne peut être que très inquiet lorsqu’on voit des troupes étrangères se concentrer dans ce pays, car un incident pourrait déclencher une escalade funeste. La guerre civile syrienne est devenue une guerre par procuration entre grandes puissances et puissances régionales. L’Europe est en première ligne car cette crise, avec ses masses de réfugiés et le djihadisme, menace sa stabilité. Replacer la guerre en Syrie dans le processus historique de balkanisation du Moyen Orient et d’élimination des minorités de cette région nous aide à comprendre la réaction des différents acteurs et le probable dénouement du conflit.

CV

Docteur en histoire, habilité ; Directeur de recherche émérite,
Institut Français de
Géopolitique (Université Paris VIII, Saint-Denis) ; président du
Musée-Institut du Génocide
des Arméniens, Erevan.
COMMISSAIRE D’EXPOSITIONS : Arménie, entre Orient et
Occident (Bibliothèque nationale de
France, 1996) ; Reconstruire la nation, les réfugiés arméniens au
Proche-Orient et en France
(Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration, 2007-2008) ; Arménie
1915 (Hôtel-de-ville de Paris, 2015).
CURATEUR DE MUSEES : Armenian Orphans Museum (Byblos,
2015) ;
Armenian Museum of Jerusalem (2018).
SELECTION DE PUBLICATIONS :
Les Arméniens, 1917-1939, la quête d’un refuge, Paris : Réunion
des Musées Nationaux, 2007 (avec L. Nordiguian et V. Tachjian) ;
Le Génocide des Arméniens, Paris : Odile Jacob, 2006 (English,
London, 2011 ; Turkish, Istanbul, 2015 ; Rusian, Moscow, 2015 ;
Arabic, Cairo, 2016) ;
Comprendre le génocide des Arméniens,
Paris : Tallandier, 2015 (avec H. Bozarslan and V. Duclert).