Les Assyro-Chaldéens et la Conférence de la Paix (Paris, 1919).

Pour quel résultat ?

 

Parmi les peoples non souverains qui ont pris part à la Grande guerre, seuls les Assyro-Chaldéens sont restés dans l’ombre. On les connaît très peu, on ne s’y intéresse pas. Pourtant si nous comparons leurs pertes à leur nombre, la disproportion est frappante et les Assyro-Chaldéens avaient le droit d’espérer qu’on s’occuperait d’eux et qu’on leur garantirait une existence meilleure en compensation de leurs souffrances.

Basile Nikitine, consul de Russie à Ourmiah, 1921

 

Abstract

 

Après la tragédie de 1915-1918, les Assyro-Chaldéens bénéficiaient d’un crédit international appréciable, et les récits des horreurs commises par les autorités ottomanes avaient suscité une large émotion. Au lendemain de la  Grande guerre, nourris d’espoir, ils s’attendaient à un geste d’émancipation  de la part des Alliés.

Que voulaient-ils précisément ? Quel a été le contenu de leur projet national et à quoi aspiraient-ils ?, Animés par le mouvement des nationalités qui touchait tout le Moyen-Orient et forts d’une prise de conscience identitaire qui a émergé à partir de 1840, les Assyro-Chaldéens revendiquaient une patrie sur leur terre ancestrale : la Mésopotamie. Des promesses leur avaient été prodiguées par les Alliés (notamment la Grande-Bretagne et la France) au cours et au lendemain de la Première guerre mondiale.

Il faut dire que des hommes politiques et d’importantes personnalités religieuses et  de la culture se sont, en effet, penchés sur leur sort, avec de nombreuses répercussions dans la presse.

Dans leurs mémorandums à la Conférence de Paris (1919), les Assyro-Chaldéens se présentent comme un « peuple historique » et, à ce titre,  ils espéraient pouvoir créer un Etat séparé.

Cependant, ils ne furent pas satisfaits des résultats et ne tardèrent pas à  exprimer leur désappointement.

Pourquoi donc ces reculs et échecs ? A cela  plusieurs raisons que nous développerons dans notre exposé.

 

CV

Professeur honoraire de sciences politiques à l’Université catholique de Lyon, premier titulaire de la chaire UNESCO « Mémoire, cultures et interculturalité ». Spécialiste  des minorités dans le monde et des chrétiens d’Orient, traduit en une dizaine de langues, il est l’auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels : Qui s’en souviendra ? 1915 : le génocide assyro-chaldéo-syriaque, Cerf, Paris, 2014,  traduit en  anglais : Year of the Sword, Hurst, London, 2016 ; Une diversité menacée. Les Chrétiens d'Orient face au nationalisme arabe et à l'islamisme, Ed. Salvator, Paris,  janvier 2018.